Après l’abdication de Napoléon I et la fuite de son héritier le jeune Napoléon II vers l’Allemagne, une Fuite organisée par sa mère Marie-Louise d’Autriche, la France retrouve la monarchie avec le frère de Louis XVI : Louis XVIII.
Louis XVIII est sage et réaliste. Il oublie le passé et tire parti des enseignements apportés par le malheur. Il s’efforce d’instaurer une politique de compromis, de réconciliation et de se comporter en roi parlementaire. Il limite l’épuration de ceux qui l’avaient trahi pour suivre Napoléon durant les « Cent Jours ». Mais après l’assassinat du duc d’Artois en 1820, il doit céder de plus en plus aux ultras royalistes. Il finit par appeler au gouvernement le comte de Villèle le chef des ultras.
En Creuse cette Restauration est acceptée avec passivité. Les Creusois n’aiment pas les Bourbon, mais les supportent car ils veulent avant tout la paix.
A Lascoux ce printemps de 1823 le passé et les guerres bonapartistes sont oubliés. On ne poursuit plus les anciens partisans de l’empire. Une vie paisible enveloppe le village. Marguerite Durand a épousé Antoine Rigault. Ils ont deux enfants : Françoise quinze ans et Jean treize. Ils demeurent dans le bas du village le long de l’ancienne enceinte.
Un peu plus bas sur la droite en venant du chemin de « Villemorle » ; Marguerite Godard a épousé Jean Dufour en 1800. Elle vit chez sa belle famille derrière chez les Belugeon le long du chemin de Lacoux. Son frère Annet a épousé Jacquette Sassié qui lui a donné deux enfants ; un garçon Annet qui a dix ans et une fille Anne un an plus tard dont le mauvais accouchement provoquera le décès de Jacquette. A ce jour Annet Godard élève seul ses deux enfants.
Cinquante mètres plus bas, le long du chemin qui descend au lavoir de « la Gagne« , vit seul avec sa mère Berthe, le jeune François Brunaud. Il vient d’avoir dix huit ans. Son père, Pierre Brunaud, migrant maçon, est décédé il y a deux ans, à Montargis.
Face aux Godard vivent deux frères : les Belugeon. L’aîné Joseph a trente quatre ans. Il s’est marié en 1813. Il a aujourd’hui deux enfants ; Françoise a dix ans, Joseph neuf. Son frère Antoine a vingt quatre ans. Il a, depuis peu, épousé Anne Lejeune. Les deux frères ont également deux sœurs qui sont parties vivre chez leur époux toujours dans le village de Lacoux ; Anne a épousé en 1806 Jean Gerby. Elle en a eu deux garçons âgés, à ce jour, l’un de seize ans et l’autre de neuf ans. L’autre sœur, Marie, a épousé la même année et le même jour ; Léger Glomot.
En descendant jusqu’à l’entrée du village, sur la droite, le chemin de Lacoux longe les veilles masures datant des premiers paysans du prieuré. Il contourne la demeure des Dufour monte jusqu’au moulin à cidre des frères Belugeon avant d’arriver aux quatre chemins qui conduisent pour celui de face à Peu-Razet , celui de gauche à Jouillat par le « chemin des morts » et enfin celui de droite qui conduit aux chaumières du Couderc qui précèdent l’entrée du hameau de Lacoux par la « Cournière ».
A l’entrée du Couderc à droite un alignement de bâtiments appartient aux deux frères Gerby. Les premiers sont à Jean qui a épousé en 1812 Jeanne Parot de Glénic. Il décèdera quelques mois après son mariage. Son épouse qui a eu le temps de « tomber » enceinte, a laissé la propriété en fermage à son beau-frère et voisin mitoyen également prénommé Jean. Elle partira accoucher et vivre avec sa fille Sylvaine, âgée maintenant de neuf ans, chez ses parents à Glénic.
La suite des bâtiments sont à l’autre frère Jean Gerby. Il est aussi migrant maçon. Un accident de chantier le fera décéder à Lessard le Roi en 1822. Anne Belugeon, sont épouse, se retrouve en cette année 1822 également veuve à la tête de la propriété plus le fermage que sa veuve de belle-sœur avait attribué à son époux.
Sur la gauche, en haut d’une petite butte, la propriété d’Alexis Aubreton. En descendant vers le village, à mi-chemin du Couderc et de la Cournière, la famille Glomot. Elle comprend deux frères Léger et François. L’aîné, Léger, a épousé Marie Belugeon en 1806 dont il a eu une fille ; Annette qui à seize ans, et un garcon. François a épousé Sylvaine Guyot dont il a eu deux garçons : Antoine qui a trois ans et Pierre un an.
Juste avant de pénétrer dans la Cournière, sur la gauche ; les Bazot. Presque en mitoyenneté avec les Bazot ; les Guinjard accolés à une chaumière Boyer. Face aux bâtiments Boyer, les restes du logis du prieuré occupés par les Tomasson. Jean Tomasson a épousé en 1812 la fille des lieux Berthe Boudrionnet dont il a eu une petite fille Jeanne qui vient d’avoir ses neuf ans.
Accolés aux Tomasson ; les Michaud. Le père Pierre Michaud est décédé il y a dix ans. Il venait de Glénic pour épouser la Jeanne Glomot la sœur des deux frères Glomot cités plus haut. Il acheta une partie de la propriété du « cousin Brillant » dont fils et belle-fille décédérent en laissant seule une petite Louise. Les Michaud adoptérent la petite Louise qui deviendra l’épouse du jeune Antoine Michaud qui a, à ce jour, quinze ans. La veuve de Pierre Michaud, vit avec Louise et ses trois enfants ; dont Anne qui fréquente son jeune voisin Jean-Antoine Tallaire. Son fils aîné qui a vingt trois ans cultive la propriété.
En descendant le chemin qui conduit « aux rives » et au village de Villelot après chez les Tomasson demeurent les Caffin. Ce sont des tisserands. Un petit Jean-Baptiste à aujourd’hui dix ans.
Un peu plus bas les Guillemet. Sylvain Guillemet a épousé en 1820 Marguerite Razet, la même année naîtra un petit Pierre.
En pénétrant au centre de la « Cournière » à l’emplacement des anciennes écuries du prieuré ; les bâtiments des Tallaires. Le père et la mère Tallaire y vivent avec leurs deux fils Jean-Antoine et Pierre qui a épousé il y a trois ans Louise Berger. Une petite Françoise naîtra la même année.
Sur le côté gauche légèrement en retrait des bâtiments Tallaire, dans les anciens jardins et potagers ; une maison Boyer. La chaumière d’Etiennette Boyer accolée à celle d’une seconde chaumière Guinjard puis, pour finir, en face, les bâtiments du frère d’Etiennette, François Boyer.
On s’active ferme ce jour de mars 1823 chez les Boyer. On fait chauffer le four pour enfourner pains et tartes. La grange est nettoyée, balayée. On dresse des tables faites de plateaux de bois placés sur des tréteaux. Les Guinjard et les Tallaire amènent des bancs, des plateaux et des tréteaux. Jean et Antoine Boyer entassent le foin restant de l’hiver dans un coin du « chambrât ». Mais pourquoi tout ce remue-ménage ? On avait prévu d’installer tout cela dans la « chènevière » derrière la bergerie et la chaumière de François Boyer mais le temps est à la pluie. Demain il pleuvra. On sait prévoir le temps chez les paysans et il ne faut rien négliger car demain Anne Boyer, la fille de François et Magdeleine Boyer, épousera François Peynot.
(à suivre)