Le "blog du bistros des sports" devient un magazine avec des sujets plus larges. Le sport y aura toujours sa place. Les manifestations culturelles et hitoriques locales et régionales auront leurs places le tout agrémenté de photos et videos.
Ce mois de nivrose 1799, l'hiver s'annonce rigoureux. Ce matin l'eau des poules est gelée dans les gamelles. A Lacoux la petite Anne la fille de François Boyer et de son épouse Magdeleine, pleure sur les marches de l'escalier en pierre qui montent jusqu'au grenier d'où sortent les plaintes et les cris de sa mère. Avec ses quatre ans elle ne comprend pas ce qui se passe.
Les deux sœurs Belugeon, Anne qui a dix-neuf ans et Marie dix-huit préparent la "pâté" des cochons. Elles pensent à ce soir au moment où elles retrouveront leur "galant" : Jean Gergy pour Anne et Léger Glomot pour Marie, avec qui elles danseront au bal de Roches. Un groupe de gamins s'ébat dans le bas du village en taquinant les deux sœurs Belugeon. Leur petit frère Joseph qui a dix ans mène la danse autour d'elles en chantonnant:
- Vous ne verrez pas le Jean et le Léger, ils iront au bal de Jouillat pas à celui de Roches.
Le restant du groupe de garnements formé des deux Godart : Annet qui a dix ans et Marguerite neuf ans, Marguerite Durand qui a onze ans et de Berthe Boudrionnet dix ans qui est descendue de la "Cournière", reprend en cœur le « chant » taquin.
Pendant ce temps la petite Anne Boyer pleure toujours sur l’escalier en entendant sa mère crier. Le petit Jean gerby qui a sept ans, le cousin du galant d'Anne Belugeon, n'a pas voulu suivre les "grands" taquiner les deux grandes sœurs. Il monte l'escalier et se cale près de la petite en larmes.
- Pleures pas c'est comme chez les Tallaire quand le petit Pierre est né le mois dernier. On l'entendait crier la mère Tallaire et puis après quand le p'tit Pierre est sorti ça a été fini. Ça va être pareil pour ta maman.
- Oui, mais, pourquoi que ma "biquette" ne criait pas, elle, quand elle a fait ses chevreaux ?
- Parce que les animaux ne savent pas crier, mais pour eux aussi ça leur fait mal.
- Et bien puisque le bébé fait mal à ma maman, je ne l'aimerai pas! Soudain un grand cri puis plus rien que les cris d'un bébé, la petite Elisabeth Boyer vient de naître.
Ce même mois de nivrose dans le petit village de Marie Ratoullat aux Dauges, malgré le froid de l'hiver qui arrive, le village est en fête. Le jeune André Lasmier maintenant âgé de 19 ans va "marider" la petite Marie sa petite copine de son âge avec qui il aimait tant rêver aux bords des étangs d'Auges.
Marie sort de sa maison en reculant afin de bien montrer la peine qu'elle a, à quitter la demeure où c'est écoulé son enfance comme si elle voulait emporter dans ce dernier regard l'image de tous ces objets familiers qu'elle abandonne.
Juste avant le départ du cortège, André et Marie, vont s'emparer de la poule blanche qui jusqu'à ce jour pondait le mieux. Elle leur apportera la fécondité. Dans son panier elle accompagnera la noce partout, à la mairie à l'église et demain elle sera mangée par le restant des convives.
Le cortège est enfin prêt pour le départ vers le bourg de Champsanglard. La mère Ratoullat embrasse sa fille en pleurant. Marie sert sa mère dans ses bras en recevant ses larmes sur son épaule.
- Voyez comment ma petite Marie aime la famille. Ce sera une bonne épouse et une bonne mère, chuchote la vieille grand-mère Gerby à l'oreille de la future belle-mère de sa petite fille. Pour abréger cet instant mélancolique, les musiciens du cortège jouent un air qui est repris par toute la jeunesse :
Et puro et puro doun (et pleure et pleure donc)
Et venne et venne doun (et viens et viens donc)
L'anmenins la nauye. (Nous l'emmenons la mariée.)
Une salve de pistolet donne le signal du départ. En tête les musiciens avec foulards et rubans suivent Marie au bras du père Ratoullat. Derrière défilent les autres couples, les jeunes d'abord, puis les vieux, enfin à la fin du cortège, fou de bonheur André au bras de la mère Lasmier.
Le cortège emprunte "le chemin des morts" du village pour porter bonheur aux mariés puis c'est sous les "youff fou fouou" criés par les jeunes que le cortège arrive à la mairie de Champsanglard. Seuls les futurs pénètrent en ce lieu accompagnés par les parents Lasmier et Ratoullat ainsi que leurs témoins. Dehors, le restant de la noce attend dans le froid que tout ce petit monde sorte pour se diriger vers l'église.
Après que le maire est embrassé la mariée, les nouveaux époux sortent enfin. Le cortège se reforme sous les notes des musiciens qui jouent sans interruption. L'église attend le cortège avec son portail principal grand ouvert. Arrivé sur le parvis le cortège s'arrête. Les musiciens entament une "bourrée" que le frère d'André avec sa cavalière, dansent avec agilité en faisant claquer avec force leurs sabots sur le sol.
La noce prend place sur les bancs de bois de l'église.
Au moment de la bénédiction, discrètement, la demoiselle d'honneur de Marie tente de faire recouvrir partiellement la robe de la mariée sur les pieds du futur. De son côté le garçon d'honneur d'André s'évertue à la repousser. Le prêtre conscient du manège continue son Office comme si rien n'était car il sait très bien que ce n'est qu'une coutume qui doit désigner de l'homme ou de la femme portera la culotte dans le nouveau ménage.
En même temps qu'il bénit les alliances, André et Marie tendent au prêtre le "treizain" composé de treize pièces ; une grosse et douze petites. Elles serviront à acheter les premiers vêtements d'un futur bébé.
Pendant que se déroule la cérémonie, deux garçons et deux jeunes filles, précédés des musiciens, vont chercher une galette qui sera portée dans une serviette tenue aux quatre coins par les quatre jeunes gens qui apportent également une bouteille de vin et des verres. L'officiant bénit le tout. On partage la galette entre les assistants. A la sacristie on déguste le vin entre les nouveaux mariés et le curé.
Tout ce petit monde sort de l'église. On casse la bouteille et les verres contre les murs de l'édifice car cela porte bonheur de casser de la vaisselle un jour de mariage. André et Marie sont mariés. Avant de prendre le chemin des Mas où résidera le couple avec les parents d'André, le cortège fait la tournée des auberges de Champsanglard en y dansant et buvant. Chaque cavalier offre à sa cavalière un cornet de dragées elle, offre en retour un sac de noisettes qu'elle a cueillies cet automne. Puis tout le monde se dirige vers les Mas. Devant la chaumière des Lasmier, la mère d'André se rend à l'encontre de sa bru tenant un petit garçon du village que Marie va embrasser afin que son premier né soit un garçon.
En arrivant devant la porte de sa future demeure, Marie trouve un seau plein d'eau et en travers de la porte un balai. Elle renverse d'un vigoureux coup de pied le seau d'eau et s'emparant du balai, elle balaie l'entrée de la maison. Elle a montré qu'elle sera une bonne ménagère. Pour terminer la prise de possession de sa nouvelle demeure, elle se dirige vers la cheminée et gratte la suie avec ses ongles. André, à l'aide d'un couteau bien aiguisé, partage en deux d'un seul coup, une boule de pain. Il démontre ainsi sa force et sa puissance car c'est lui, désormais, qui devra couper le pain. Ensuite, il s'empare d'une pioche et va donner quelques coups dans le jardin.
Pour terminer ces rituels, les deux époux boivent un bol de soupe fortement épicé et un verre de vin puis brisent le bol et le verre contre un mur.
Le repas peut enfin commencer