Dans mon petit coin de campagne, une petite auberge est à l'abandon.
Un soir d'été, me rendant au cimetière du village arroser les fleurs qui ornent la tombe du caveau familiale, j'aperçois au bout d'une allée une vieille femme en pleure. Discrètement, je m'approche d'elle. Je reconnais l'ancienne aubergiste de l'auberge du Chêne. Autrefois, mon grand-père m'y amenait pour y acheter du bon pain frais, car le frère de la belle aubergiste était également boulanger. La patronne n'avait pas eu le temps de se choisir un mari. Ce qui à pu être assurément une des causes de l'énorme fréquentation de l'auberge. Un jour le frère boulanger décède. Le pain est devenu moins bon. Les rides se sont installées sur le beau visage de la patronne.
Le travail a usé la belle aubergiste. L'heure de la retraite a sonné. La mort dans l'âme elle a dû céder "l'enfant" qu'elle avait élevé ; son auberge du Chêne. Elle est allée vivre à deux pas dans une petite maison d'où à travers les carreaux de la fenêtre elle pouvait encore voir entrer ses anciens clients dans son auberge. Mais ils se sont faits de plus en plus rares, jusqu'au triste matin ou elle voit un homme en costume clouer sur la porte de l'auberge le fatal écriteau : A VENDRE. Le bilan a été déposé. Les portes et volets se sont fermés sur l'auberge du Chêne.
Je ne suis pas agent immobilier. Mais, j'aimerais tant ne plus voir pleurer la belle hôtesse de l'auberge du Chène lorsqu'elle évoque ce que fut sa vie. Pour cela il suffit d'un bon cuisinier, une banque sympa et beaucoup de courage.