Parfois, il m'arrive, qu'un petit verre de vin rouge avec un bon fromage peut me faire voyager dans le passé...
Souvent j'y retrouve une valise. Cette valise en ferraille. La plus part des hommes de mon âge la connaisse. C'était celle dont tous jeunes hommes de 20 ans tenaient la poignée le jour où la France appelait ses garçons pour tenter d'en "faire des hommes".
C'était le père qui préparait la valise. La mère, à coté, essuyait quelques larmes. Pensez donc son fils qui allait partir soldat... Je n'ai pas voulu que mes parents m'accompagnent à la gare. Je voulais être un homme. C'est surtout que j'avais le coeur gros.
Cette valise m'a accompagné dans l'Yonne à Joigny puis en Allemagne à Offenburg. Après 18 mois de crapahutages, de corvées, de froid et même d'hôpital nous sommes revenus tous deux à Paris. Il parait que j'étais devenu un homme. J'ai laissé ma valise dans un placard. Mon père l'a toujours soigneusement conservée.
Bien des années plus tard, je l'ai retrouvée où je l'avais laissée. Mon père avait tout bien conservé en particulier le courrier que j'attendais tous les jours fébrilement.
Toutes les lettres étaient là entourées d'un élastique. C'est leurs auteurs que je revois parfois les longues soirées d'hiver.